Splice

Synopsis: Clive et Elsa sont des superstars de la science : ils ont réussi à combiner l’ADN de différentes espèces animales pour obtenir de fantastiques hybrides. Ils sont amoureux l’un de l’autre autant que de leur travail et veulent à présent passer à l’étape suivante : fusionner de l’ADN animal et de l’ADN humain. Lorsque le laboratoire pharmaceutique qui les finance refuse de les soutenir, Clive et Elsa décident de poursuivre leurs expériences en secret. Ils créent Dren, une créature étonnante dont la croissance rapide la fait devenir adulte en quelques mois. Alors qu’ils redoublent d’efforts pour préserver leur secret, leur intérêt scientifique pour la bête se mue peu à peu en attachement. Dren finira par dépasser les rêves les plus fous du couple… et leurs pires cauchemars.

Critique : Attention aux spoilers

Variation moderne du mythe de Frankenstein, Splice s'intéresse à un couple de scientifiques qui vont eux aussi perdre le contrôle de leur progéniture, un petit monstre du nom de Dren. Ou plutôt une petite monstre, la créature s'avérant être une femelle qui va, au cours de sa croissance ultra-rapide, développer un intérêt pour la viande et pour la perpétuation de son espèce. C'est là que le scénario part en vrille, l'ultime partie du film étant assez décevante. On retiendra trois grands actes : la création de Dren, sa croissance, puis le chaos final. Si cette dernière demi-heure fait penser à un clone de Jeepers Creepers, le début se montre bien plus maîtrisé. Posant dès le début des interrogations sur l'éthique scientifique et sur l'appréhension de la maternité, le réalisateur Vincenzo Natalie dépeint une relation très crédible entre deux chercheurs obsédés par la création d'un être parfait. D'abord destiné à produire des médicaments, Dren va très vite devenir plus qu'un spécimen, tout d'abord pour Elsa qui voit en elle l'enfant qu'elle n'a jamais voulu concevoir, puis pour Clive qui développe des sentiments incertains pour cette créature gracile.

Les premiers jours de Dren restent des moments forts du film, avec un monstre au design original et des effets spéciaux remarquables. Puis la chose va commencer à prendre une apparence de plus en plus humaine, et la science fiction vire au thriller horrifique, la dernière partie du métrage faisant parfois penser à La Mutante. On regrettera les réactions quelquefois navrantes des deux personnages principaux, qui prennent tous les risques imaginables pour sauver une créature assez repoussante. Cela peut s'expliquer par la frustration que le couple vit chaque jour par rapport à leur problème d'enfant (le passé d'Elsa semble y être pour beaucoup, car on devine au détour d'une scène qu'elle a sûrement été maltraitée par ses parents), mais la scène où Clive cède finalement aux avances de Dren reste aussi dur à croire qu'innatendue. C'est le point de départ du climax, la grosse déception de Splice. Deux personnages secondaires arrivent à la ferme où est cachée Dren, qui commence déjà à se montrer violente. Deux victimes toutes désignées, en somme. Et ça ne loupe pas, les attaques commencent.

On pense alors à Jeepers Creepers pour le côté attaque de monstre volant. Pas très réussies, malheureusement, ces scènes conduisent alors à un acte repoussant, quasi incestueux. Puis l'un des personnages principaux meurt d'une manière si expéditive qu'elle en devient honteuse. La conclusion du film est quant à elle assez mélancolique à défaut d'être géniale, mais laisse malheureusement le spectateur sur sa faim. Au final, le scénario et certains choix artistiques restent les seuls gros défauts de Splice. Car pour le reste, on est face à un film de science-fiction original, mis en scène avec talent, et surtout magnifiquement joué. Un grand bravo à la française Delphine Chanéac, qui campe un monstre aussi fascinant que réaliste. Quant aux scientifiques, ils sont joués par Adrien Brody (Le Pianiste, King Kong) et Sarah Polley (L'Armée des Morts) qui forment un couple très crédible. Au final, Splice reste un film à voir, ne serait-ce que pour la relation entre Dren et ses géniteurs, à laquelle Natali donne une ambiguïté et une ampleur époustouflante (avant de se ramasser sur le climax). Et pour une fois que l'on voit un film de ce genre sortir en salles, on ne va pas bouder notre plaisir !