The Crazies

Synopsis: Et si la folie était contagieuse ? Imaginez un virus capable de transformer n'importe qui en fou dangereux. Imaginez maintenant ce virus se répandant sur une petite ville tranquille du Middle-West. Alors que les habitants voient leurs proches se changer en assassins, un shérif tente de protéger les quelques personnes encore non infectées en attendant les renforts. Mais lorsque l'armée intervient enfin, c'est pour mettre la ville en quarantaine quitte à exécuter toute personne tentant de fuir. Abandonnés à leur sort, ce petit groupe de survivants va tenter de s'en sortir...

Critique : Ceux qui ont l'habitude de me lire vous le diront, je ne suis pas du tout contre les remakes. Pour le cas de The Crazies de Romero, j'accueillais même cette nouvelle version à bras ouverts, puisque je n'ai jamais vu l'original. Parce qu'un remake est pour moi une bonne alternative au visionnage d'un film dépassé, que je risque de trouver kitsh (exemple La Nuit des Morts-Vivants). Je suis pourtant obligé ici de calmer mes ardeurs. The Crazies version 2010 n'est pas prêt de rejoindre La Colline a des Yeuxou Halloween au panthéon des remakes réussis. On se rapproche plutôt du dernier Freddy, en moins gerbant. Car le film de Breck Eisner comporte toutefois quelques qualités qui lui épargnent de justesse le statut de navet. On peut citer le casting premièrement, avec des seconds rôles assez bons et un couple principal crédible à défaut d'être réellement attachant. Les maquillages également, très réussis, même si le réalisateur ne daigne jamais les mettre en valeur (seul un gros plan dans le dernier quart d'heure permet réellement de les admirer). Puis finalement (et oui, déjà) les décors, la petite ville désertée proposant quelques visions de destruction assez saisissantes.

C'est bien là tout ce que l'on peut retenir de bon dans ce remake. Le scénario, lisse au possible, ne décolle jamais. Les jump scares (heureusement peu nombreux) sont aussi prévisibles que les survivants en fin de métrage. Quant aux fous, contaminés par un virus proche de la rage, ils sont quasi absents, Eisner préférant se concentrer sur la fuite de ses personnages. Pourquoi pas me direz-vous, mais encore faut-il les développer tout en racontant quelque chose. Raté, les survivants se contentent de s'engueuler entre eux, ou de se rassurer dans le cas du shérif et de sa femme. Pourtant la menace omniprésente du virus aurait pu être un argument intéressant, un élément de paranoïa latente conduisant à une méfiance entre les protagonistes. Non plus, les dialogues sont creux, les péripéties banales au possible (sauf une scène assez efficace dans la station de lavage) et on se fait gentiment chier jusqu'au dénouement. Ce dernier étant des plus hilarants d'ailleurs. En effet, le film s'achève sur un plan déjà vu des milliers de fois dans ce genre de production, tandis que nos deux héros (attention au spoiler) s'enfuient soulagés d'avoir échapper à une explosion nucléaire, sans se rendre compte que les radiations les tueront à la suite !

Tant de potentiel gâché, au profit d'un spectacle pyrotechnique tape à l'œil, c'est plus que honteux. Ne vous attendez donc pas à un film nerveux dans la lignée de 28 Semaines Plus Tard, car non seulement les contaminés font leurs apparitions au compte-gouttes, comme je l'ai indiqué plus haut, mais les scènes gores ont elles aussi le droit à ce traitement anémique. La classification n'aidant pas, la violence du film est refoulée, les morts sont tout sauf originales, et le sous-entendu politique que l'on nous avait promis à la hauteur du film de Romero est honteusement renvoyé au détour d'une exécution militaire totalement inoffensive. Quel dommage pour l'impeccable Timothy Olyphant (Hitman, A Perfect Getaway, 60 Secondes Chrono) et la talentueuse Radha Mitchell (Solitaire,Pitch Black, Silent Hill) qui s'en sortent avec les honneurs au vu de la piètre qualité du film.